Lorsque Je Regarde Une Montagne…
Essais d'art
Lorsque Je Regarde Une Montagne...
*Traduction d’un extrait de l’essai «Monologue sous le ciel» d’artiste chinois SHI Zhong Gui
Une pensée philosophique en trois phase est souvent évoquée pour comprendre la peinture chinoise :
1ère phase : “看山是山” (en pin yin : kàn shān shì shān)。
En regardant la montagne, je vois une montagne.
Comme à ce moment-là je n’ai eu aucun lien émotionnel avec elle, elle n’est pour moi qu’une montagne de fait.
2e phase: “看山不是山” (en pin yin : kàn shān bù shì shān)。
En contemplant la montagne, je ne la vois plus comme une montagne (j’ai vu au-delà du fait).
A ce moment, un lien émotionnel s’est formé entre elle et moi, modifiant la perception que j’en ai.
3e phase: “看山还是山” (en pin yin : kàn shān hái shì shān)。
En regardant la montagne, la montagne a toujours été une montagne.
Durant cette phase, j’ai pris conscience et dépassé mes projections et peux enfin l’accueillir telle qu’elle est.
La réalité n’a pas changé mais notre perception, oui.
Cet éclaircissement sur sa vraie nature a ouvert en moi un chemin de transformation qui me permet de voir la montagne telle qu’elle est, de m’accepter moi-même tel que je suis.
C’est exactement comme en face d’une personne, n’est-ce pas?
Au début, lorsque je rencontre quelqu’un, avant qu’il y ait un lien, ce n’est qu’un étranger pour moi.
Puis nous établissons un lien, que ce soit un voisin, un membre de notre famille ou un collègue… je projète mes histoires, mes attentes, mes sentiments ou mes peurs sur cette personne, elle n’est plus elle-même mais un reflet de mon monde intérieur.
Avec une conscience nouvelle et une connaissance de soi, j’arrive à percevoir cette personne telle qu’elle est, est plus simplement comme un reflet de moi-même. Je l’accepte et l’apprécie telle qu’elle est.
Je n’éprouve plus ni attente, ni projection.